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3)8                  HISTOIRE DU BEAUJOLAIS

tiré (bracis Iraclis, braies tirées), ou s'ils ont été trouvés
nus (nudus cumnuda), ou bien si, couchés tous les deux dans
le môme lit, une partie de leurs vêtements a été enlevée,
qu'ils soient considérés comme coupables, et comme tels,
tenus à leur choix ou de courir nus par la ville, ou de ra-
cheter cette course à la volonté du sire de Beaujeu (1).
    Le châtiment n'est pas moins immoral que le délit. Courir
nus par la ville, voilà qui était fort édifiant pour le public,
les enfants et les femmes surtout. S'il restait aux coupables
un peu de pudeur, ils achevaient de la perdre. La mesure de
leur déshonneur comblée leur fermait à jamais le chemin
du repentir. Mais on en venait rarement à cet exercice peu
voilé. Les coupables rachetaient toujours cette avilissante
exhibition, et cela faisait l'affaire du sire.
    VIOL. La peine du viol n'est pas moins affligeante pour le
moraliste.
    Si quelqu'un a violé une jeune fille, il doit l'épouser, si elle
est de même condition (si sitpar ei), ou la doter suivant l'avis
des bourgeois (2).
    Qu'entendait-on par être de même condition ? Le fils
d'un marchand de drap ne pouvait-il pas épouser la fille
 d'un boucher et vice versa? La fille d'un artisan est-elle l'é-
gale du fils d'un corroyeur? On voit que la vanité des classi-
 fications sociales n'était pas le privilège exclusif de la noblesse
 et du clergé. Au sein de cette bourgeoisie, qui n'était qu'une
 en face de l'ennemi commun, régnaient de profondes divi-
sions, dont noire article est la preuve. La nature humaine
 est essentiellement aristocratique. Le peuple, à cet égard,
 partage les préjugés des classes réputées supérieures, et tous
 ces bourgeois de Villefranche que l'intérêt réunissait sous la

   (1) Ch. de 1260, arl. 35. Beaujeu, 41.
  (2) Ch. de 1260, art. 37.     »     42.