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330                        JNE NOCE.

 zurkas et de valses sans lasser l'ardeur des danseurs. Au
 bout de deux heures environ, Louise s'informa de sa belle-
sœur, mais personne ne l'avait vue, seul un vieillard assura
 avoir aperçu Mme Girard dans la petite prairie d'où elle avait
gagné les Graiidières par le bord de l'eau.
   — Elle nous boude un peu, dit Louise tout bas à son cou-
sin, elle nous punit des légères observations que je lui ai
faites, en nous empêchant de danser. Sa petite malice tombe
assez juste, cette fois, qu'en diles-vous ?
   — Je dis que je la remercie au lieu de lui en vouloir, ré-
pondit Frédéric, car elle me permet de passer cette soirée
seul avec vous. J'oublie tout ce monde qui danse là-bas, et il
y a un instant, en jouant cette vieille et toujours belle Rosila
je me sentais parfaitement heureux, presque aussi heureux
qu'au jardin où je n'ai rien su vous dire, tandis que l'har-
monie de cette valse me semblait répondre, avec ses notes
émues et profondes, à la mélodie charmante que vous laissiez
tomber de vos doigts.
  — Vous ne m'écoutez pas, Frédéric, je dis que nous ne
pouvons plus jouer tous les deux sous peine d'être fatigués
dans une heure. Il faut donc que nous tenions le piano aller--
nativement; sans cette précaution, nous serions las tous les
deux au moment où le bal serait le plus animé.
   — Vous voulez me quitter? vous avez donc un bien grand
désir de danser?
   — Non, et la preuve c'est que je vais vous jouer un beau
quadrille que vous danserez avec la mariée.
   — Il est trop juste que je danse avec elle, mais ce sera plus
tard, je reste au piano le premier.
   Après une petite lutte amicale, Frédéric resta et Louise
alla se mêler à la danse avec plus de plaisir peut-être, avec
plus d'abandon à coup sûr qu'elle ne l'eût fait ailleurs. Tout
dans notre siècle tend si bien a niveler les mœurs et les cou-