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UNE NOCE. 334 tûmes,queladansedes villages est celle dessalons etquelarobe et les diamants font seuls la différence. Quelques personnes ajouteraient peut-être, et l'éducation-; mais il est prouvé aux gens qui on vécu dans toutes les sphères sociales qu'il y a au village une politesse dont on s'écarte bien rarement, et dans la bonne compagnie, des convenances contre lesquelles on pèche trop souvent. Quand Louise vint remplacer Frédéric, le jeune homme, après avoir fait danser lamariée,revint doucement à quelques pas du piano et se plut à admirer sa cousine. La physionomie delajeune fille qui respirait d'habitude le calme recueilli d'une âme sérieuse, calme rendu piquant par le jet spirituel du r e - gard, lui sembla changée. Etait-ce l'effet de cette douce soirée de septembre? Etait-ce l'impression produite sur elle par la valse qu'elle jouait, valse inconnue à Frédéric, valse rêveuse où chantaient les myt-térieuses poésies de la jeunesse et de l'amour? La figure de Louise semblait nager dans une sorte de vapeur lumineuse tant ses traits étaient transfigurés parune émotion encore non éprouvée; son front que baignaient d'une blanche lueur les bougies du piano, avait perdu sa sérénité, 'on y voyait passer, comme ces nuages changeants qui obscur- cissent un ciel d'été, des pensées indécises et troublées ; ses yeux si vifs voilaient leur éclat d'une mélancolique langueur; sa bouche où riait souvent la facile gailô d'une âme maîtresse d'elle-même, frémissait à quelques accents profonds de la valse qui emportait au souille de sa mélodie des couples moins enivrés que ne l'était Frédéric dans son absorbante contemplation. Louise semblait caresser une pensée d'amour dans cette mélodie enchanteresse et s'y oublier tout entière. S. BLANDY. (La suite au prochain n").