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234 UNE NOCE. de son frère de lait, qui répondit à ses avances avec la plus parfaite cordialité, puis il se dirigea vers la mariée, dont la Bgure sérieuse contrastait avec la mine dépitée de ses com- pagnes, tandis que sa toilette simple : une robe de soie noire, un tablier de mousseline, contrastait avec les parures voyantes des autres jeunes filles. Après lui avoir fait quelques compliments qu'elle reçut avec un air candide, Frédéric lui offrit son présent qu'elle garda un instant dans ses mains avant d'oser ou l'accepter ou le refuser ; elle semblait, du regard, interroger son mari ; Claude hésita un moment ; mais une assez brusque apostro- phe de la vieille mère Clairay, que Frédéric avait remarquée au sortir de l'église le décida. — Qu'est-ce donc? dit la vieille femme en faisant résonner son bâton sur les dalles. Puisque ce Monsieur est ton invité, il a bien le droit d'offrir quelque chose au nouveau ménage. Philibert Laurent, ton oncle, ne vous a-t-il pas donné une douzaine de beaux draps, comme un fln tisserand qu'il est? Benoîte Mével, la marraine de Marie, ne vous a-t-elle pas apporté de ïournus un joli assortiment de vaisselle? Vous êtes dans votre droit, mon beau Monsieur, en donnant ce que vous offrez ; mais votre devoir est aussi de vous payer de votre cadeau sur les joues de Marie.— Allons ! Marie, laisse- toi embrasser, et que le bon Dieu bénisse à la fois celui qui donne de bon cœur, celle qui reçoit avec simplicité et tous ceux qui le craignent, — Prends donc cette montre, Marie, et mets-la vite à ton cou, dit Claude avec une secrète joie, puis se tournant vers Frédéric, qui venait de suivre à la lettre l'injonction de la vieille septuagénaire, il lui dit : — Je ne voulais pas accepter un aussi beau cadeau, car je suis confus de tout ce que votre famille a déjà fait pour moi ; mais comme je suis sûr de mes sentiments et que