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» 228 UNE NOCE, dont 1» surface noire empruntait à chaque rayon du soleil une. paillette vive en harmonie avec le regard noir et joyeux de la jeune fille. Son chapeau, accompagné de celte coiffe mi- gnonne qui décrit un demi-cercle sur d'épais bandeaux de cheveux, donnait à son air de tôle cette fière sveltesse qui dis- tingue les Maconnaises des Bressanes, leurs voisines de l'autre rive de la Saône. Mais ce qui frappa Frédéric, ce qui lui fit pousser une ex- clamation de surprise, ce fut la robe de cette jeune fille. Celle de sa grand'mère était de drap bleu de ciel ù corsage court, carré, brodé de dentelles noires ; à collerette plissée, surmon- tée d'une chaîne à huit rangs, formée par une plaque émaillée, c'était une robe de paysanne, mais du velours à une campa- gnarde. N'y avait-il pas de quoi faire dire, comme Frédéric le dit tout haut: — Que mettra-t-on à la cour ! — Rien de plus, n'est-ce pas, mon neveu, dit M. Girard qui sourit. Et peut-être rien de meilleur goût ; celle bro- derie d'or fait bien sur ce velours grenat. Et tous les deux regardèrent celte robe à jupe courte, dont l'ourlet élait garni d'une guirlande de fleurs et de fruits de houx, mise en relief par celle sorte de broderie qui pare les habits des sénateurs, et qui sert aussi, on le voit, à orner les robes des villageoises. Le corsage, demi-montant, s'entourait des dentelles arachnéides d'une collerette de ma- line , dont la fine trame laissait passer quelques scintille- ments de la massive broderie. — Tu vois là , dit M. Girard, deux toilettes qui le repré- sentent la transformation du costume maçonnais; à la vieille mère, la sévérité austère des anciens temps, le tablier à ba- vette de simple mousseline. la robe à plis nombreux mar- qués par un long séjour dans l'armoire; à la petite fille toutes les élégances modernes ; pas d'hérésie cependant dans