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226 UNE NOCE. — Tu n'as plus que patience à prendre, car tu as une grande heure à passer ici, mais nous mettrons ton retard sur mon compte et sur celui de Batiste, car nous t'avons retenu tous les deux. — Et au bout de cette heure que ferons-nous? — Nous irons attendre les mariés à la sortie de l'église; nous verrons Louise sous le porche, et à nous trois, nous dé- ciderons ce qu'il y a de mieux à faire. — Que n'allons-nous tout de suite à l'église, demanda Frédéric, ee serait montrer de l'empressement. — Qu'irions-nous y faire? tu ne pourrais parler à Louise, et pendant toute la cérémonie religieuse qui sera longue, tu n'auras pas même la distraction d'admirer les beaux costumes maçonnais dont elle t'a parlé. — Comment donc? — Je vois que tu as oublié les coutumes du pays, ou plu- tôt que tu ne les as jamais sues; les invitées finissent à peine leur toilette en ce moment ; et elles vont partir en troupe, por- tant chacune dans une blanche serviette le pain qu'elles man- geront à la noce; elles iront dans la maison de la mariée et y déjeuneront, pendant qu'à une table voisine, les jeunes gens invités prenant aussi un léger repas, gourmanderont leur len- teur par des taquineries; mais ni les uns ni les autres n'iront à l'église avant la fin de la messe. Alors les jeunes filles iront assister à la fin de la cérémonie, le temps seulement, de faire un signe de croix et de faire crier leurs robes contre les chaises dépailiées, puis elles sortiront se ranger sous le porche jus- qu'au moment où la mariée montera dans sa voiture — Quoi ! une voiture à la fille d'un fermier? — Je te gâte ce spectacle par mon récit. Je me tais, lu verras tout cela par toi-même. Lorsque M. Girard et Frédéric arrivèrent sur la place, ils la trouvèrent encombrée de curieux et surtout de cuçieuses