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184 ÉGLOGUES Ã)E VIRGILE. belle expression de Brumoy, dans son Poème des passions [De motibus animi, c. 6), comme un commerce secret que la nature a ménagé entre le cÅ“ur et le visage, pour rendre l'un visible par l'autre : Ea fÅ“dera sanxit Numen ut occultum pectus tamen ore pateret. Les premiers sourires sont un événement dans la famille, surtout quant il s'agit d'un premier né ; le père et la mère les épient; ils cherchent aies faire naître. Toute la famille est dans l'attente. Le premier sourire de cet être si cher, doit être pour celle qui est pleinement mère, qui, après l'avoir porté dans son sein, se charge encore du soin de le nourrir de son lait, qui n'a point abdiqué et qui ne partage pas avec une nourrice mercenaire ses devoirs mais aussi ses droits maternels ; c'est à elle qu'il s'adresse ; c'est elle que l'instinct de l'en- fant devine ; son cÅ“ur de mère en est profondément ému ; elle y voit mille présages ; son amour-propre en est flatté comme son cÅ“ur (8) ; c'est à ses yeux une préférence incompa- rable ; c'est elle que le nouveau-né reconnaît et qu'il aime entre toutes ; c'est sa mère que l'enfant proclame en lui sou- riant ; la tendresse et l'imagination de celle-ci lui prêtent un langage : Tendens sua bracbia, et ora Cum movet « 6,quantum te, mea mater, amo!» Dicsre tuante videtur jamjam velle labello, Atque tua illias pendet ab ore anima. Raymond Cunich (Monobiblos in [esta B. Virg. M.). aussi peut-on le regarder comme un véritable langage, un excellent moyen de s'entendre, une manière expressive de communiquer ses idées à défaut de la parole. » — Rcydelet {Diction, des sciences méd., 1820, t. 49, article rire). (8) « N'est-ce pas une illusion maternelle que d'interpréter aussi favo- rablement le sourire d'un enfant ? Il me sourît, il méconnaît déjà ; voilà un propos de mère. » (Tissot, Bucoliq. de Virg-, 2 e édit., 1808).