page suivante »
ÉGLOGUES DE VIRGILE. 185 Elle en est jalouse et fière ; elle en est heureuse ; jour et nuit, il est l'objet de ses préoccupations et de ses pensées (9). C'est ce qu'a bien compris M. Genisset, dans son Examen oratoire desEglog. de'Firg. (Paris, 1804, in-8) ; il traduit : « Commencez, aimable enfant, a distinguer votre mère par un doux sourire » et il commente ainsi Virgile : « La mère n'attend, pour oublier tous ses ennuis, qu'un sourire de son fils, un sourire qu'elle provoque a chaque instant par ses caresses. Hâtez-vous donc, aimable enfant, de couronner son espoir : incipe, parve puer (10). » N'est-il pas vrai de (9) Ces sentiments sont très-bien rendus dans les Verselets à mon pre- mier né, qu'on lit dans les poésies publiées cn'jl804"sous le pseudonyme de Clotilde; de Survillc : Me souriras, ami, dès ton réveil peut-être ; Tu souriras à mes regards joyeux ; Ja prou m'a dit le lien que savois me connoîti'e ; Ja bien appris le mirer dans mes yeux. (10) Jauffret (Les charmes de l'enfance, 1793) exprime aussi la même pensée : « 0 mon fils, lorsque je te portais dans mon sein, l'espoir de te donner le jour changeait mes peines en plaisirs. Je savais que ton premier sourire me ferait oublier et mcsdoulcurs et mes alarmes. (Myll. 13). Le témoignage des mères est ici d'un grand poids ; en voici deux (Chefs- d'œuvre poétiques des dames françaises, Paris, 1S41), qui se prononcent formellement : Enfant ! ma voix t'appelle et tu ne peux encore Ouïr mes sons, ni répondre à mon cœur ; Le tien se lait, le lien ne connaît pas Du sentiment la force et le langage ; Mais lu souris, je te presse en mes bras ;... ... Tout s'embellit du feu de ma tendresse, etc. M me Vcrdier, (Épître à ma fille). Combien de fois le retour du soleil Me vil pâle cl tremblante attendre ton réveil, Et mon âme, allacliée à la paisible couche, S'ouvrir au doux souris qui naissait de ta bouche ! Quand tes yeux se fixaient sur ta mère attendrie, Quand ton front me peignait ce naïf enjouement, Oh ! qu'alors mes ennuis s'oubliaient aisément ! jlme Vict. Babois, nièce de Ducis (Elégies maternelles). 13