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106 ALEXIA. 11 est vrai, j'y songe, qu'il a écrit en vers. Mais ce n'est point la poésie mielleuse et menteuse de nos jours. Plus rapproché des Bardes et des vieux Druides, il n'emploie, comme eux, la poésie, que pour élever l'âme et l'instruire; il sait subordonner la quantité a la vérité. Il va au fait et ne vise point au mot. Et nul ne peut jouir, sur la question d'Alise, d'une autorité supérieure a la sienne. Né à Auxerre et offert à Dieu dès l'âge de sept ans, il étu- dia les lettres avec tant d'application et de succès, qu'il fut ensuite chargé de les enseigner lui-même dans l'école claus- trale de St-Germain-d'Auxerre. Il eut l'honneur de voir assidu à ses leçons le jeune Lotliaire, fils de Charles-le-Chauve. Dans ce temps-la on ne choisissait pas plus qu'aujourd'hui des ignares ou des faussaires pour élever les jeunes princes (1). VI C'est donc tout a la fois un homme de mérite et un en- fant du pays que cet Héric. Il en connut l'histoire, il en re- cueillit les traditions. Il écrit l'histoire des anciens temps, comme on l'écrira toujours, ayant sous les yeux des Mé- moires ou des récits antérieurs. S'il leur a survécu à tous (et nous en sommes redevables aux moines), c'est qu'il les résumait fidèlement en les surpassant tous. Voilà l'homme qui fut pour nous, comme Noé, l'entremet- (1) Mahilonii Annal. Bened., t. II, p. 628 : « Hcricu1; ipse lifteras docuit « in Aulissiodorensisancti Gcrmani Cœnobio : ubi~Lotliarium. filiura Caroli « Calvi, discipnlum habuit. » C'est lui-même qui, dans sa vie de saint Germain nous appiend qu'Auxerre est sa patrie : Uibis amor noslrœ et qu'il fut donné à Dieu dès sa plus fendre enfance : Septenuem pêne puellurn Sancti servitiis me transcripsere parentes.