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DES TENDANCES DE L'ART. 475 d'avoir un talent extraordinaire, et doit se résigner d'a- vance au double sacrifice de la fortune et de la célébrité, sacrifice pénible à tous, impossible à ceux pour lesquels le succès est l'unique moyen d'échapper à la misère. Je choisis un premier exemple dans l'art historique.Tout le monde convient que la Révolution française a été le plus grand événement de notre époque, et que sa portée morale étant encore plus grave que ses résultats matériels, la vé- rité sur elle est l'une des plus importantes questions que le XIXe siècle ait à résoudre, je dis résoudre, parce que ce prodigieux cataclysme est encore si près de nous , les pas- sions ont eu si peu de temps pour se calmer, que l'art his- torique n'a pu jusqu'à présent démêler, d'une manière com- plète, les erreurs provenant des divers préjugés, que l'his- toire de la Révolution française est encore à faire, et que, par conséquent , les opinions devraient être parfaitement libres sur l'appréciation de ce grand événement. Voyons s'il en est ainsi : Quelques historiens, entre autres M. de Tocqueville, et, tout récemment, M. de Lavergne, ont dé- montré que plusieurs institutions, regardées comme des conquêtes de la révolution , dataient en réalité de l'ancien régime. Leur opinion n'a été et n'est encore tolérée qu'à cause des preuves dont ils l'ont entourée, aussi bien que du respect commandé par leur nom et leur talent. Supposons un auteur plus hardi, qui entreprenne, à tort ou à raison, de prouver que la révolution a compromis plus qu'elle n'a favorisé la cause de la liberté. Entendez-vous la tempête, concevez-vous les mépris qui vont d'avance accabler l'auda- cieux? Et pourquoi cela? est-ce en vertu d'une opinion amenée par^les^faits et les travaux accomplis jusqu'à l'état d'évidence ! Non, puisque chacun reconnaît que les consé-