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 des hameaux, où ils exerçaient une influence due au respect
 qu'inspirait leur caractère sacré, et mérité généralement par
 la moralité de leur conduite. On a beaucoup dit que les curés
 de campagne avaient, appelé de tous leurs vœux et favorisé
 de tous leurs efforts la Révolution française. Celte opinion
 énoncée d'une manière absolue, renferme, à côté d'une véri-
 té, une grande erreur. La vérité, c'est qu'au moment où la
 nécessité d'un changement dans nos antiques institutions
parut évidente , nul n'accueillit et ne propagea les idées
 nouvelles avec plus de zèle que les membres des ordres pri-
vilégiés ; le clergé suivit en cela l'exemple de ce qu'il y
avait de plus grand et de plus noble parmi ses contemporains,
et, dans le clergé, les curés de campagne désirèrent plus
ardemment que tous les autres la suppression d'un ma!
qu'ils voyaient de plus près. Enfant et ami du peuple, le curé
connaissait ses besoins; il savait combien la taille, combien
les impositions de guerre étaient lourdes à porter, il voyait
la dureté des traitants , l'infortune des collecteurs d'impôts ;
il sentait une à une les misères matérielles et morales qu'en-
traînait après elle celte inégalité qui n'existait presque plus
qu'en apparence, mais dont le fantôme poursuivait inexora-
blement ses fières victimes. Aussi déplorait-il la perpétuité
des droits féodaux qui exaspéraient les populations , moins
encore par la difficulté de les acquitter que par l'idée de
soumission qu'ils portaient avec eux, et qui, pour les sei-
gneurs, devenaient nuisibles au lieu d'utiles, puisqu'ils leur
coûtaient plus de haine qu'ils ne leur rapportaient d'argent.
Lui aussi, le curé était un privilégié , mais ce n'était pas à
lui qu'on en voulait ; ses revenus ne dépassaient guère ses
besoins; quand il avait un peu de superflu , les pauvres ne
s'en plaignaient pas. D'ailleurs la meilleure preuve que les
habitants des campagnes ne regrettaient pas la part de dîme
qui revenait a leurs curés, c'est que les lois et le temps n'en