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30 LE CHATEAU DE CAKILLAN. qu'elle a rencontré à son arrivée est justement ce jeune homme, pour lequel tu dois comprendre son aversion. J'embrassai Rose qui se riait si méchamment de moi. Je lui racontai l'histoire du sourire, dont elle me promit de faire la réhabilitation auprès de Marguerite. Aussi tu tefiguresfacilement dans quelles dispositions d'es- prit et avec quel charmant embarras cette gracieusefillem'ac- cueillit le soir. Le reproche qu'elle se faisait à mon égard de m'avoir cru coupable d'un manque de réserve la portail, insensiblement, à se départir de la sienne. Plusieurs fois ses yeux abandonnèrent leur long voile, pour sefixerclairs et éloquents sur moi. Elle semblait vouloir m'ex- piiquer le sentiment qui avait autorisé sa méprise. On eût dit qu'elle me demandait pardon, elle... Marguerite!... Je m'enivrai de ce délicieux regard et cette première entrevue me laissa transporté. Je commençai à découvrir que je ne m'étais point exagéré les qualités surtout morales de ma jolie voisine, et quand ma sœur me dit, en se retirant avec moi: — Vois-tu que Marguerite t'aime ? — Je l'épouserai, répondis-je simplement. Pendant quinze jours ou trois semaines il ne se passa rien d'extraordinaire pour notre famille. Je continuais de visiter nos voisins. M. Laval m'accueillait de la façon la plus af- fectueuse et se rapprochait de plus en plus de mon père. Il devint clair pour moi qu'il connaissait, qu'il approuvait mes intentions à l'égard de Marguerite. Quant à elle, je n'avais rien à apprendre de son côté; je dus lui faire savoir sans ef- faroucher sa charmante réserve, qui pour moi était un attrait de plus, combien ses sentiments étaient payés de retour et je m'occupai aussitôt d'entretenir mon père de mes projets de mariage. Peu de temps après, je reçus une lettre de Julien. II m'an-