page suivante »
LE CHATEAU DE CARILLAN. SI nonçait son arrivée pour la fin de la semaine. Il devait venir par le Doubs, son chemin favori, et faire quelque séjour auprès de moi, pour visiter les environs de Dole. Il m'an- nonçait, en outre, qu'il allait faire seul ce petit voyage, ses amis ne pouvant l'accompagner dans une absence de plusieurs jours. Aussitôt, leurs sinistres craintes me revinrent à l'es- prit. Je pensai qu'il ne fallait à aucun prix le laisser venir seul, à Carillan, où il comptait s'arrêter sans doute, et je ré- solus de détourner mon ami de ce qui devait amener peut- être sa perte, ou tout au moins lui causer une émotion aussi cruelle qu'inutile. J'appelai mon domestique et lui commandai de prendre la voiture, de courir à Besançon et de se mettre à la disposition de Julien, pour le jour qu'il lui plairait de venir. Quelque contrariété qu'il dût ressentir de me voir traverser ses pro- jets, il était impossible que notre ami me renvoyât la voilure et vînt par un autre chemin.—Mais j'étais fort inquiet à l'idée qu'il pouvait emmener mon cocher passer près de Carillan, qui n'est pas fort loin de la route. Aussi dis-je à ce domesti- que : — Vous aurez bien soin de ne pas quitter le grand chemin. M. Leroy vous demandera peut-être de prendre par les tra- verses ou de vous détourner vers le Doubs, par exemple de passer au château de Carillan , dont il aime beaucoup la po- sition, vous vous y refuserez absolument. — Mais, monsieur... — Vous vous y refuserez, vous dis-je, pour l'amour de moi. Vous trouverez une raison... Ah! dites-lui que je vais chasser k Dampierre et que vous devez m'y prendre. De celte manière, il est impossible que vous passiez à Carillan qui est à la même hauteur. Je ne sais quand vous serez de retour à Dampierre, mais je tâcherai de m'y trouver. Ma sœur m'avait rejoint pendant ces recommandations, et,