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                           M. CHEN.WARu.                              429

traversé avec plus ou moins d'éclat la scène du monde, s'en
vont remplir du bruit de leur mémoire un fastueux monu-
ment. Cette sépulture est celle d'un simple artiste, collègue
et ami de M. Chenavard, d'un ce ces hommes qui comme lui
n'ont connu dans la vie qu'une passion, qu'un rêve, qu'un
but : le beau. Celui-ci peut dormir.en paix dans sa dernière
demeure, car elle réalise son rêve. Combien peu ont eu
cette fortune :
              Vixere fortes ante Agamcmnona
              Stulti ; sed omnes illacrymabilcs
              Urgenlur ignotique longa
              Nocle, curent quia vate saero (1).

   Plus heureuse, la mémoire du peintre ljonnais n'a plus a
redouter cette « longue nuit » de la mort. Elle a trouvé son
poète. L'art et l'amitié semblent avoir dit leur dernier mot
sur cette tombe, et tous deux l'éclairent de leurs plus doux
rayons.
   Nous ne pouvons passer sous silence l'une des composi-
tions qui terminent ce recueil, le tombeau de Léodinas.
L'imagination de M. Chenavard, comme celle de Chateau-
briand, s'est fortement éprise de la beauté d'un sujet qui
résume dans un fait sublime toute la grandeur morale de
l'antiquité, et qui s'est offert à lui par son côté épique et
architectural. Ce sentier qui déroule ses longues et brillantes
sinuosités entre les rochers et la mer, ce sont les Thermo-
pyles. Au milieu, sur le premier plan et surmonté de l'oiseau
de Minerve, se dresse une colonne, sinistre trophée de la
mort; à ses flancs sont suspendus les armes du héros, son
épée inclinée vers la terre, son bouclier portant un lion pour

   (1) Bien dos braves ont vécu avant Agamomnon ; mais ils restent inconnus
et non pleures, sous le poids d'une longue nuit, parce qu'il leur manque
un poète inspiré. A. Lollius, Ode 9, 1. iv.