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430 M. CHËNAVAKD. emblème, suivant la tradition d'Hérodote, et son nom Léonidas, le plus harmonieux qu'ait chanté la poésie. — Profonde est la solitude, le roc est nu et menaçant. Il surplombe le sentier à l'endroit même où s'est accompli le sacrifice. Il projette ses ombres tragiques jusque sur le seuil du monument. Mais au loin la mer "est souriante, le ciel étincelant, l'horizon radieux, immense, comme celui de la gloire. On sait gré a M. Chenavard de s'être abandonné un instant à sa fantaisie et d'avoir crayonné cette strophe en l'honneur de Léonidas. Des Thermopyles au Voyage en Grèce dont il me reste a vous entretenir, il n'y qu'un pas. Depuis longtemps , M. Chenavard nourrissait la pensée de contempler les mo- numents dont les types et les formes avaient été les modèles de ses inspirations. C'était un besoin pour lui de se con- firmer dans les convictions de toute sa vie, comme pour les fidèles d'aller se prosterner sur le seuil des Apôtres. M. Chenavard qui avait construit en 1835 et 1836 bs jolies églises de Roanne et de Belley, et qui, a l'occasion de ces édifices, avec son habitude de ne confier à personne le soin de l'aider dans son œuvre, avait dû se livrer à uns étude approfondie des formes ogivales, M. Chenavard s'était-il laissé surprendre par de secrètes admirations désavouées par la rigueur de ses principes, avait-il senti chanceler sa foi? — nous ne le pensons pas. Entre ces formes d'art, la distance est trop grande, l'antipathie trop complète, pour que, dans un esprit aussi fortement imbu que M. Chenavard de la donnée esthétique des Grecs, un pareil ébranlement ait été possible. En fait, ces formes sont irréconciliables. Elles sont comme deux manières d'être de l'esprit humain, deux pôles opposés de l'art, deux goûts qui s'excluent. En chercher la raison, ce serait sortir du cadre de ce travail. Un humoriste, — son vers est trop connu pour le rappeler