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DE L'EXCLUSIVISME EN ARCHÉOLOGIE. 461 chaleureusement la cause de cet art qu'on ne faisait qu'en- trevoir encore, et déterminèrent ainsi l'entraînement général. Le despotisme artistique avait cédé; la résistance était vaincue. On pouvait considérer dès lors, comme brisé à tout jamais, le joug de l'enseignement officiel et du style imposé; mais on ne devait pas tarder à s'apercevoir jusqu'à quel point l'habitude de copier était devenue pour nous une seconde nature et dans quelle funeste voie nous allions de nouveau nous engager. L'art du moyen âge fut pris au sérieux dans toutes ses conséquences, et les premiers rudiments d'archéologie sa- crée n'aboutirent qu'à poser en principe, en faveur du nou- veau style* la même domination exclusive que l'on repro- chait naguère à l'ancienne école. On ne s'aperçut pas, ou l'on ne voulut pas s'apercevoir des contradictions sans nombre qui devaient résulter de cette détermination de ressusciter et de mettre en pratique un art qui n'était plus de notre temps. On ne se doutait pas de l'impossibilité, où l'on allait se trouver; de mettre d'accord les principes archéologiques avec les idées reçues aujour- d'hui en exthélique, et d'éviter, dans maintes circonstances, le danger des anachronismes et des contre-sens. On comprehd et on on excuse, en même temps, cet enthousiasme peu réfléchi d'alors qui nous a fait entre- prendre les premières constructions en style moyen âge. On avait à cœur de remettre en honneur et en lumière un art que l'on accueillait avec d'autant plus d'empressement qu'il avait été plus longtemps l'objet d'une réprobation systéma- tique et aveugle. 11 se présentait à nous avec le prestige et l'intérêt d'une infortune imméritée, et véritablement on ne pouvait s'apercevoir encore que l'on était sous l'empire d'un mirage.