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396                      LA MAISON MASCRANNI.
pital, et comme il jouissait d'une bonne réputation culinaire, le mot thuner
devint synonyme de bien manger. Je me souviens encore d'avoir entendu
dire : faire une bonne thune, pour un bon dîner. Je ne sais pas si cette ex-
pression s'est conservée, dans notre temps de symétrie, d'uniformité et de
décoloration ? Le couvent des Carmcs-Déchaux occupe, l'emplacement
nommé autrefois le Grand Thunes, qui fut donné à ces religieux par le
marquis de Nerestang, en 1613. — Descript. de la ville de Lyon, attri-
bué à A. Clapasson, 1741.
   Je ferai remarquer que ces mots thunes, thuner sont fort anciens, et qu'ils
ont d'autres significations : dans la cour des miracles, le chef des Truands,
d'après Victor Hugo, prenait le litre de roi de Thunes. Voici ce qu'on lit
dans le Figaro du 11 octobre 1860 : « une thune, en argot, c'est une pièce
« de cinq francs. On appelle thuner une manière de mendier, qui rapporte
« toujours cinq francs à la fois, souvent même un louis et quelquefois
« plus. » Il s'agit de simuler une immense infortune et de savoir toucher
celui auquel on demande l'aumône.
   La famille Mascranni était propriétaire d'une grande partie du coteau,
situé au-dessous de Fourvières ; car ce fut un Paul Mascranni, prévôt des
marchands, en 1667, « qui vendit aux Lazaristes la maison où ils sonl lo-
« gés et les fonds dépendants, qui occupent un grand terrain, jusqu'au
« sommet de la montagne. » — Dcsc. de Lyon.
   Les Mascranni firent reconstruire ou réparer , en 1639 , l'église de
Saint-Laurent, dont le dernier souvenir vient de disparaître, par le chan-
gement de nom que l'on a fait subir à la place sur laquelle elle existait,
parallèlement à l'église de Saint-Paul. Un des caractères de notre époque
est l'horreur des souvenirs historiques. Ces souvenirs ne trouveront grâce
devant les hommes d'affaires du temps présent que lorsqu'on les rappelant
on pourra détruire nne dénomination antérieure : on dirait que tout doit
dater d'hier. C'est pour cela que la place Saint-Laurent a reçu depuis peu
le nom de Gcrson, célèbre chancelier de l'Université, un des auteurs aux-
quels on a attribué le livre de l'Imitation. Il faisait le catéchisme aux en-
fants, dans l'église de Saiul-Paul, mourut en 1439, et fut inhumé à Saint-
Laurent, qui était alors l'église paroissiale.
   Il est très-regrettable que, dans les changements de noms de rues et
places, on ne consulte pas des commissions compétentes, et qu'on aban-
donne cette besogne à la volonté de gens indifférents, ignorants de l'histoire
locale, et parfois même étrangers à la ville.
   Paul Mascranni, dont il a élé parlé, prévôt des marchands en 1667,
mourut en 1675 et fut enterré dans l'église des Grands Capucins, située