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LA MAISON MASCRANNI. (i) Monsieur le directeur de la Revue du Lyonnais, dans une promenade que j'eus le plaisir de faire avec lui, à Fourvières, me signala une maison du chemin de Montauban, comme l'ancienne demeure de la famille Mascranni, et m'engagea à recueillir quelques renseignements à ce sujet. Cette maison ayant été mise en vente, je viens la recommander à l'attention : en effet, elle risque d'être condamnée à la démolition, si sa vétusté ne lui permet pas de résister aux travaux nécessités par sa nouvelle destination. J'en- gage donc les amateurs du vieux Lyon à visiter celte pittoresque fa- brique, avant sa disparition ou sa restauration ; car cette dernière opéra- lion aura au moins pour résultat de faire disparaître l'admirable patine dont elle est couverte. Je parle ici en artiste, et non en ami du badigeon, cette peinture si estimée des nouveaux et singuliers grands seigneurs de notre temps, par la raison probable que le blanc est le symbole de la purelé de leur conscience. Cette maison, située à l'entrée du chemin de Montauban, vers les Carmes- Déchaux, n° 3, un peu en retrait sur la voie publique, a effectivement ap- partenu à la famille Mascranni. Si je ne peux apporter aucune preuve ma- térielle à l'appui de cette possession, la Iradition viendra à mon secours Le titre de Mascranni est tellement resté attaché à celte maison que l'héri- l • tière actuelle du vaste clos supérieur, qui en formait une des dépendances, m'a dit avoir trouvé dans les papiers de son père d'anciennes lettres à l'adresse de la maison Mascranni : ce titre, basé sur la tradition, n'était contesté par persoune. Les Mascranni étaient originaires des Grisons ; ils vinrent s'établir à Lyon, vers 1580, et furent naturalisés Français, en 1622. (Àrm. lyonn. ) Une circonstance qui vient à l'appui de la tradition, au sujet de la possession par cette famille de la maison en question et du vaste clos supérieur, c'est que les Mascranni avaient le titre de seigneurs de la Verrière et de Thunes. Or, le quartier s'appelait autrefois de Thunes, et voici d'après Cochard l'origine de cette dénomination : à l'époque des croisades , des pestiférés venus de Tunis furent recueillis dans un hospice établi sur se coteau ; de Tunis on fit naturellement Thunes ; dans la suite un cabaret succéda à l'hô- (1) L'orthographe de ce nom est incertaine : Mascranni, Mascrany , Mascarany.