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216                   PATOIS DU LYONNAIS.

   C'est a la zone intermédiaire des deux langues que nos pa-
tois appartiennent. Leur étude a l'intérêt particulier a toutes
les transitions. Deux langues viennent s'y fusionner avec leurs
formes, avec leurs allures propres. On peut les y étudier
 toutes deux dans les transformations qu'elles opèrent l'une
 sur l'autre.
    Ce caractère des dialectes de notre province leur est com-
 mun avec ceux de la Savoie, de la Bresse et du Bugey et
 d'une partie du Dauphiné.
    Toutefois, dans ces bandes qui vont du levant au cou-
 chant, en côtoyant'pour ainsi dire les limites des deux lan-
 gues, il est difficile qu'il existe entre elles deux un équilibre
 absolu. L'une d'elles est certainement dominante. Est-ce la
 langue du midi ou celle du nord qui l'emporte dans nos
 patois?
    Une comparaison attentive de leurs éléments nous a con-
 vaincu que leurs principales attaches sont du côté des dia-
 lectes du midi. Ils en ont les formes distinctives. Aux mots
 qu'ils ont emprunté de la langue du nord ils ont donné les
 terminaisons méridionales. Plus on remonte dans leur passé,
 plus cette parenté avec le midi est manifeste.
    L'histoire du Lyonnais Forez et Beaujolais suffirait à ex-
 pliquer ce caractère de notre langage populaire. Dans toutes
 les divisions du territoire de la France, Lyon a entraîné
  dans sa condition politique une partie des provinces du midi
  ou s'est rattachée a la leur.
    Ce caractère méridional de nos dialectes avait frappé
  Racine, au XVIIe siècle. On lit dans une lettre qu'il écrivait
  d'Uzès à La Fontaine en 1661.
     « J'avais commencé de Lyon à ne plus guère entendre le
  « langage du pays et à n'être plus intelligible moi-même.
  « Ce malheur s'accrut à Valence, et Dieu voulut qu'ayant de-
  « mandé à une servante un pot de chambre, elle mit un