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                     PATOIS DU LYONNAIS.                    211

langue de nos journaux, de nos romans, de nos pièces de
théâtre et l'état que nous ont fait nos discordes !
   Sans pousser ces rapprochements jusqu'à des détails qui
les feraient entrer dans le domaine de l'imagination, on peut
dire que l'étude des progrès de la langue d'un peuple suit
pas a pas celle des progrès de son état social, que leurs
phases diverses s'éclairent mutuellement et que la recherche
des antiquités de la langue est une branche importante de
l'archéologie nationale.
   De bons esprits ont fait comprendre dans toute l'Europe
cette importance. Depuis qu'en France les antiquités du pays
disputent à Rome et à la Grèce la place qu'elles tenaient jadis
dans les études archéologiques, le vieux langage de nos
pères a appelé l'attention de ceux qui vont encore deman-
der au passé les enseignements de l'avenir. On a voulu sa-
voir comment on parlait en France, même en deçà de Mon-
taigne et d'Amyot. On s'est demandé par quelles révolutions
successives la terre sur laquelle avait résonné la langue des
Druides, puis la langue de Cicéron et de Virgile, était arrivée
à entendre celle de Racine et de Bossuet.
    Or, dans cette longue histoire, les patois ont leur place.
Ils sont le seul reste vivant de ces anciens langages des
provinces qui ont pris part à la formation de la langue fran-
çaise. Destinés à s'éteindre ou à se transformer encore
sous l'action puissante de l'unité nationale, ils seront bien-
tôt réduits à l'état de ces vieilles médailles effacées, deve-
nues muettes sur les événements dont elles étaient desti-
nées à perpétuer le souvenir. Il faut se hâter de les interroger
pendant qu'ils peuvent encore nous révéler quelques-uns
des secrets de notre histoire.

                              II.
   C'est h l'état de patois que je me suis proposé d'étudier