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208 PATOIS DU LYONNAIS. Arrivé aux voies et aux moyens pour exterminer les patois, l'abbé Grégoire est beaucoup moins précis. Ses propositions se bornent à faire enseigner le français aux Habitants de nos campagnes et a révolutionner noire langue pour lui donner le caractère qui convient à la langue de la liberté. Les patois ont résisté a cette furieuse attaque et a toutes celles qu'on a depuis dirigées contre eux. Ils ont même trou- vé d'ardents défenseurs On se rappelle quelle verte et spiri- tuelle semonce s'attira, en 1835, de la part de Ch. Nodier le comité d'arrondissement de CaUors qui avait lancé sur les patois, en un langage adminislrativement littéraire, les con- sidérants redoublés d'une délibération solennelle (1). Aujourd'hui encore ils vivent. Malgré la diffusion du fran- çais, malgré la multiplicité des écoles, malgré la rapidité des communications, les idiomes provinciaux n'ont pas cédé le territoire tout entier a leur brillant rival devenu leur maître. On les parle aux portes de nos grandes villes ; il est des villes où tout le monde les parle. Il est encore en France quelques hommes qui entendent a peine le français ; et il en est un certain nombre qui ne le parlent pas du tout. « Les langues meurent a leur jour, » a dit Ch. Nodier : les décrets du pouvoir et les anathèmes académiques n'y peuvent-rien. Pendant ces trois siècles, non seulement les patois ont vécu dans le langage du peuple, mais ils ont"*5u une littéra- ture , littérature modeste, littérature secondaire, et qui n'est pas toutefois sans intérêt. Bornées dans leur action a la province où elles naissaient, ces productions devaient rester en dehors du mouvement lettré ou scientifique de la nation : leur objet est nécessaire- ment très-limité. La poésie y est pourtant représentée dans toutes ses grandes divisions. (1) Comment les patois furent détruits en France, art. de Ch. Nodier au Bulletin du Bibliophile de 1835, t. i, n» 14.