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PATOIS DU LYONNAIS. 209 Des cantiques, des noëls, des complaintes ou des chan- sons satiriques sur les événements locaux ; voila la part de la muse lyrique. La comédie devait trouver dans les patois un langage bien approprié à ses railleries ; elle forme une des richesses de la littérature provinciale. On y voit aussi en bon nombre et en bonne qualité de petits poèmes sur les travaux de la campagne, sur les fêtes publiques, sur les catastrophes locales, telles que les inondations, les soulève- ments populaires, les invasions des étrangers sur nos fron- tières. Il faut joindre a tout cela plusieurs traductions des classiques latins et français, et tout le menu bagage des madrigaux, des épigrammes, des apologues et des petits contes. Les auteurs de ces productions appartiennent h peu près tous à la même classe. On y compte quelques artisans lettrés ; mais ce sont pour la plupart des bourgeois de pro- vince, des ecclésiastiques, des magistrats, des avocats, des médecins qui, voués au bon français par position, s'en dédommageaient entre amis en faisant un peu de littérature dans leur langage de tous les jours. , Ces œuvres, trop souvent médiocres ou sans valeur au point de vue purement littéraire, ne sont pourtant pas toutes, même sous ce rapport, à .dédaigner. Les noëls bourguignons de la Monnoye ont seuls une sorte de célébrité, a laquelle, en dehors de la Bourgogne, on s'en rapporte sans les lire. Mais les patois ont encore bien d'autres petits chefs-d'œuvre dans lesquels à la verve et a la bonne raillerie s'adjoignent souvent la grâce sérieuse et la sensibilité. De nos jours les Muses patoises ont pris "un nouvel essor. La critique parisienne a laissé tomber sur elles un regard. Jasmin a fait entendre par toute la France la langue de sa Gascogne chérie ; il l'a mise au service de la charité et du 14