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PATOIS DU LYONNAIS. 203 polie qui se façonnait a la civilisation importée d'Italie, il s'était formé un latin, ou mieux plusieurs latins populaires, parlés par les classes moins lettrées. Chaque province avait mêlé au latin quelque reste de son ancien langage. Chacune surtout prononçait' le latin a sa façon, avec les habitudes de son dialecte antérieur. De là autant de latins vulgaires que de provinces. Lorsque l'empire romain succomba aux secousses répé- tées des invasions barbares, le latin littéraire ne tarda pas à s'effacer en Gaule, comme s'effaçait l'organisation romaine. 11 subsista bien comme langue de l'Église qui parlait latin dans une grande partie de l'Europe. Il eut encore une longue existence officielle dans les actes de l'administration. Mais ce latin lui-même se corrompait et s'éloignait de plus en plus de l'ancienne langue littéraire. D'ailleurs, ce n'était plus le langage parlé. En même temps que le territoire se morcelait, les idiomes locaux surgissaient à la surface. Le latin de Rome eut bientôt pour successeur sur chaque point de notre pays un de ces latins incorrects, un de ces latins prononcés à la gauloise, qui étaient nés a ses côtés et qui survivaient à sa chute. Les conquérants germaniques ajoutèrent un nouvel élé- ment a cette confusion. Ils étaient eux plus barbares que les vaincus : ils ne leur donnaient pas leur langage, ils pre- naient celui des pays où ils s'établissaient ; mais ils le par- laient et surtout ils le prononçaient à leur manière. Ils y mêlaient des expressions de leur langue et ils y mettaient leur accent. Les nouveaux idiomes qui se formèrent dans ce mélange des vainqueurs et des vaincus s'éloignèrent encore plus que leurs devanciers du latin littéraire, sans perdre absolument le type primitif. On peut en dire comme de ceux qui leur ont succédé sur notre sol, à part un très-petit nombre d'excep-