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204 PATOIS DU LYONNAIS. tions, que leur substance est du latin, parlé d'abord par des Gaulois, puis par des Gallo-Romains et des Germains vivant ensemble. L'époque qui succéda aux invasions barbares ne pouvait pas réaliser l'unité de langage inconnue jusqu'alors. Lorsque l'usage de la langue latine disparaissait ainsi de notre pays pour faire place aux idiomes qu'on a appelés romans et néo- lalins, la diversité ancienne des populations de la Gaule s'était compliquée par l'établissement des nouveaux conqué- rants fort différents aussi entre eux. Sous les rois mérovin- giens, les morcellements successifs du territoire ne purent que rendre toujours plus profonde la division du langage. Les efforts de Cliarlemagne pour constituer un grand Etat échouèrent sous ses successeurs. La féodalité vint prendre la place du vaste empire qu'avait rêvé le génie du grand monarque germain. La féodalité fut la consécration et l'organisation de ces nombreuses divisions du territoire que la force des choses avait produites. Dans les temps féodaux, l'unité avait été placée aux sommets de la société. La tendance constante du moyen âge fut de réaliser cette unité dans les dogmes, dans les croyances, dans l'ordre tout entier de la spiritualité. Au contraire, dans l'ordre des choses matérielles, la féodalité consacrait, favorisait même les divisions. Les grands fiefs se partageaient en provinces; les provinces se subdivisaient en territoires de moindre étendue. La commune se formait à côté du château avec son organisation spéciale ; les quar- tiers d'une même ville se groupaient sous des bannières diverses. Les gens d'une même profession formaient des corporations. Des associations de toute espèce vivaient dans l'Etat avec des règles et d'une vie propres. A de telles divisions dans l'ordre social, devaient répondre d'infinies divisions dans le langage.