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PATOIS EU LYONNAIS. 201 division de la Gaule en trois parties soit exacte ou défec- tueuse, qu'il faille l'étendre ou la resserrer, que les langues parlées par ces peuples fussent de même famille ou très- éloignées l'une de l'autre, cela importe peu à ce qu'il s'agit d'établir en ce moment. Il suffit de retenir qu'au témoignage de César, comme de tous ceux qui ont étudié la Gaule avant l'arrivée des Romains, elle contenait plusieurs peuples par- lant des langues sensiblement différentes. Les Romains conquirent successivement toutes les parties du pays et y firent adopter le latin. Pour arriver a ce résultat, il n'avaient pas eu besoin d'em- ployer la contrainte. On vit alors se réaliser sur le sol de la Gaule cette belle loi historique que Fauriel a proclamée (1). Si le peuple conquérant a une civilisation plus développée que le peuple soumis, il lui impose bientôt même sans vio- lence ses coutumes, son organisation, son état social, et en même temps la langue qui est l'expression de cette civi- lisation. Le contraire ne se voit que lorsque le conquérant est encore barbare par rapport au vaincu :,.c'est celui-ci alors qui fait prendre à son vainqueur et ses coutumes erses arts et sa langue. Les Romains qui, au sortir de leur barbarie, avaient trouvé dans la Grèce vaincue une civilisation exquise, qui ne purent jamais faire parler le latin sur le sol helléni- que, et qui eux-mêmes voulurent parler le grec (2), les Romains étaient arrivés dans la Gaule avec un état social supérieur a celui de nos pères. Les Gaulois avaient adopté cette nou- velle civilisation et le langage qui l'exprimait. On peut dire avec quelque certitude que, vers la fin de (1) Danle et les origines delà langue italienne, par Faillie!. 1854, t. i, p. 26. Voyez aussi son Histoire de la poésie provençale. (2) Gracia capta fcrutn victorem eepit et artes Intulït agresti Lalio HORACE, épit. 1 du liv, 2, v. 156.