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ÉLOGE DE C. BONNEFOND. 179 « l'harmonie de l'ensemble. Éclairez vos tableaux d'une « manière plus large ; dans votre modelé, voyez autre chose « que la peau et sentez un peu plus ce qui est en dessous ; « surtout ne perdez jamais de vue le grand principe de la « construction. » Bonnefond resta six mois a Paris, travaillant secrètement à cette réforme. « Partez pour Rome, lui avait dit Guérin, « voyez les grands maîtres et inéditez-les. » Le conseil fut suivi. Bonnefond, par amour de son art, et dans le but de s'élever, au lieu de rester a Lyon jouir de la réputation que ses œuvres lui avaient acquise, quitte une position hono- rable, une école lucrative, part pour Rome et va, sous les yeux de Guérin qui venait d'être nommé directeur de l'Aca.- démie, recommencer ses études. Rare courage qu'on ne peut se lasser d'admirer. Les nouveaux efforts de Bonnefond furent récompensés par des succès brillants. En 1828, il apporta en France son Jeune homme endormi, son Chevrier, son Grec mourant et son magnifique tableau de la Pèlerine secourue par des moines. Cet ouvrage, un des plus beaux de l'auteur, fut acheté par le duc d'Orléans et placé dans sa riche collection dont il était un des principaux ornements (1). De retour a Rome, Bonnefond reprit ses études. 11 y trouva Vibert qui, couronné à Paris comme premier grand prix de gravure et devenu pensionnaire de l'Académie, réformait aussi sa manière sous l'influence de notre compatriote Orsel. Leur liaison date de cette époque. En 1830, la place de professeur de peinture à l'école de Lyon étant devenue vacante par la retraite de Révoil, l'una- nimité des suffrages fut chercher Bonnefond à Rome, et, en (1) Ce tableau a péri en 1848 avec tous les autres objets d'art de la collection particulière du Roi.