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172 MATTHIEU GUIGNARD. Voit des feuillets si le nombre est complet, Puis dit: —Monsieur, touchez la main. C'est fait. — C'est fait, dit l'autre. A propos, il vous manque Quelques louis pour le bal de ce soir. Obligez-moi d'accepter à valoir Sur le marché ces deux billets de banque, Bien du plaisir et surtout au revoir. Puis il passait au travers de la porte, Ainsi qu'il est coutumier d'en user, Sur ses talons laissant une odeur forte Qui le jeune homme eût dû désabuser De se servir d'un papier de la sorte; Mais chez Guignard la raison était morte : -» Bah ! se dit-il, allons nous amuser ! Depuis ce jour, Guignard tint, table ouverte, Eut des chevaux, des châteaux, des palais, Et des amours comme on a des relais, Se souciant du gain ou de la perte Moins que d'un sou, moi, je ne le ferais. Les tas d'argent ne manquèrent jamais Au bon Guignard, tout le temps que la rame Contre laquelle il engagea son âme Eut une feuille encor de papier frais ; Mais à sa plume il donna tant carrière Qu'il arrivait, enfin, à la dernière. — Diable ! dit-il, en tâtant son papier, Plus qu'un feuillet à ce maudit cahier ! A ce moment, d'une façon honnête, Il entendit heurter : c'est son curé Qui s'en venait humble, mais assuré,