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BIBLIOGRAPHIE. LA DÉCADENCE ROMAINE , scènes historiques^ par MM. Armand POMMIER et M. ***• — (Un volume in-12, chez DENTU, libraire-éditeur, à Paris, Palais-Royal, 1861.) La librairie parisienne vient de publier une œuvre dramatique d'un incontestable mérite; nous voulons parler de la Décadence romaine, scènes historiques dont MM. Armand Pommier et M. *** (de la Côte-d'Or) sont les auteurs. Les limites étroites dans lesquelles nous sommes obligé de nous renfer- mer nous empêchent de donner une analyse, détaillée de cette pièce ; nous nous contenterons donc de quelques mots sur le sujet et le mérite litté- raire de cet ouvrage. MM. A. Pommier et M. ***, après s'être donné pour mission de prouver que les peuples ne meurent jamais, ont pris le monde romain dans la période la plus infime de sa décadence, dans le temps où Rome avait pour maîtres un débauché nommé Héliogabale et un danseur, Hiéroclès. Mais en opposition à la servilité du Sénat, ils nous montrent le caractère énergique de Probus ; à la bassesse du peuple ils opposent la noble sim- plicité des premiers chrétiens. L'intrigue de la pièce est un peu romanesque. Héliogabale s'est épris d'amour pour la belle Martia, la fille de Probus ; Martia est chrétienne ; pour arriver à ses fins, le sacrilège empereur se couvre d'un vêtement de chevalier, emprunte le nom de Phares, reçoit le baptême et consent à être uni suivant le rite chrétien ! Mais le réveil est terrible : tous les chré- tiens dont il a surpris ainsi la retraite sont impitoyablement massacrés, et Martia, abandonnée et lâchement insultée, retourne éperdue chez son père. Le vieux Probus jure de venger sa fille et de rétablir l'ancienne liberté, et il périt victime de son amour pour sa patrie ; mais à sa fille est réser- vée la vengeance, et c'est Martia elle-même qui frappe le tyran. Tel est le fond de la pièce qui d'ailleurs est intéressante à la lecture, ce que l'on ne peut dire que d'un nombre bien restreint de drames ; le style en est correct et soutenu. On désirerait peut-être un peu plus de ten- dresse et de sentiment, surtout chez Martia qui oublie trop vite qu'elle, est chrétienne et que sa religion, qui défend le suicide, condamne la vengeance ; mais en somme l'œuvre est excellente et nous engageons à la lire. J. GCILLEMAUD.