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164 LETTRE A M. BROSSETTE. dans les estoiles. Ils n'y manqueroient pas, si j'osois vous faire resouvenir que vous me les promittes il y a deux ans. Agréé que je vous souhaitte les bonnes festes et que l'année qui les suit et cinquante autres après elle, vous voyent et vous laissent plain de santé, de biens et de gloire. L'honneur du siècle est intéressé à vostre conservation. J'ay l'honneur d'estre avec le plus respec- tueux et le plus fidelle attachement, Monsieur, vostre très-humble et très-obéissant serviteur, PÉROUSE. A Grenoble, où j'ay passé les festes pour éviter d'y revenir aux Rois. Le 24 décembre 1716. Si vous estes curieux de sçavoir ce que j'ay mis sur l'exem- plaire de mon amy, vous en trouverez cy-joint une copie. Vous êtes intéressé à corriger ce morceau, car certainement il sera sur plusieurs exemplaires, et il y va de vostre gloire que les louanges qu'on vous donne soient dignes de vous. Je suis logé à Grenoble chez Dauphiné, à la place aux Herbes. Je serois trop heureux que vos commissions m'y vinssent trouver. DIAEOGUE De feu Boileau et de feu Thierry, son ancien imprimeur, au sujet des œuvres de ce poëte, imprimées depuis peu, avec les commentaires de M. Brossette. Dernièrement, sur les sombres rivages, Le bon Thierry trouva Boileau pestant. Qu'avez-vous donc ? dit-il, soyez content, On n'a jamais tant couru vos ouvrages ; Convenez-en, un bon commentateur Sert au débit, et vôtre ami Brossette Ne gaste rien au texte d'un auteur. — Ne gaste rien ! répond nôtre poëte, Outré du mot. Et d'où vient mon courroux. D'où me vient-il ? Sotte ombre, sçavez vous Que pis n'a peu mon glossateur me faire ! — Vous faire pis? mais en quoy lui repart Thierry tremblant, expliquez ce mystère. — C'est que je sçais et sçais de bonne part Qu'on lit mes vers moins que son commentaire.