page suivante »
Péage-de-Roussillon, 8 décembre 1860. Mon cher VINGTRINIER, Je vous envoie la lettre ci-jointe, qui est assez curieuse et qui peut convenir à votre Revue, puisqu'elle est adressée à un écrivain lyonnais. Il n'est guère probable que lorsque Brossette s'est mis en croupe de Boileau, il ait jamais pensé à lui jouer un aussi mauvais tour ; mais l'avocat dauphinois avait envie de monter sa bibliothèque sans bourse délier , et il savait que les louanges les plus rudes n'écorchent pas. Vous remarquerez que j'ai suivi exactement l'orthographe de l'auteur, qui n'est pas d'ailleurs autrement connu. D E TERKEBASSE. A Monsieur Brossette, advocat en Parlement, rue de la Balaine, à Lyon. J'ay veu, Monsieur, chez un curieux de cette ville, un exem- plaire des œuvres de M. Despréaux, que vous venez de donner au publiq, enrichies de nottes d'or , qui redonnent aux œuvres de ce grand homme les beautés qu'elles avoient dans leur nais- sance, qu'elles commençoient à perdre, et que sans vous nos neveux n'auroient jamais cognûes (1). C'est un nouveau subjet d'estime pour cet autheur d'avoir sçeu choisir un 'amy si utile à sa gloire. Mais, je l'advoûe, j'ay trouvé à dire que le nom d'un éditeur, qui y faict ses honneurs avec tant de magnificence, y soit suprimé, et mon amy n'a pas esté fâché "que j'aye mis vostre nom et vostre éloge sur son exemplaire. J'en feray autant à touts les exemplaires qui me tomberont soubs la main. J'en auray un bien tost où il ne manquera que les noms que vous avez cachés (1) Œuvres de M. Boileau-Despréaux avec des éclaircissements donnés par lui-même, 2 vol. in-4°, Genève, 1716. Première édition des Commen- taires de Claude Brossette, qui n'a mis que des astérisques ou des étoiles à la place de son nom.