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LE PUY-EN-VELAY. 15!) ce chef-d'œuvre d'exécution, de modelé, de volume artistique, a concilié avec bonheur l'expression suave, placide et douce des vierges du moyen âge, à la pose et aux draperies de la renaissance. Indépendamment des chapelles de maisons hospitalières et de communautés, et de la basilique cathédrale et paroissiale, il existe trois paroisses auPuy : Saint-Laurent (les Jacobins), temple admirable du XVe siècle ; les Carmes, l'église du Collège. A quelque distance, au nord-ouest de Corneille, surgit un autre rocher en pain de sucre, hérissé de vieilles demeures à sa base, c'est celui de Saint-Michel, que surmonte un petit temple byzantin des plus curieux, encore orné de fresques fort maltrai- tées parles Garibaldiens de 1793.—L'on y arrive par un escalier hardi pratiqué à l'extérieur de ce vaste men-hir naturel. Au pied, est un édicule octogone qu'on attribue aux Romains et que j'im- pute aux romans ; il a dû servir de baptistère dans les âges pri- mitifs du christianisme. Parmi les monuments du Puy,il est juste de nommer la maison- de-ville et surtout l'évèché, l'un des plus magnifiques de l'empire. L'accent méridional est prononcé dans le français du Puy, et le populaire y parle communément patois. La statue de la Vierge-mère du rocher de Corneille, qui ne sera, espérons-le, jamais pour elle une roche tarpéienne, attire et continuera d'attirer une foule innombrable de visiteurs et de pèlerins dans la ville du Puy-en-Velay, réservoir de tous les pieux sentiments qui vivifient le cœur des populations. L'on va, l'on ira de plus en plus au Puy pour recueillir les derniers soupirs de l'ancienne France, pour prendre le passé sur le fait, alors qu'il en est temps encore, pour étudier ces mœurs, cette physionomie, ces contrastes, ce caractère exceptionnels, pour oublier l'agitation des grandes cités et vivre un instant dans une oasis de paix et de foi ; et l'on ne se retirera pas sans bénir la ville consacrée, sans honorer le célèbre artiste qui l'a dotée d'un monument immortel. La plupart de ces pèlerins, de ces observateurs, en passant à Lyon, y salueront la Vierge de Fourvière, protectrice de la seconde capitale de l'empire, de la Rome française. Joseph BARD.