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                      INSCRIPTION D'ALBIGNY.                   153
avait commis une lourde bévue dans son interprétation d'une
médaille dédiée à Albin à l'occasion de sa victoire.
   M. Allmer ne fait pas mention des médailles que j'ai -citées à
l'appui de mon opinion. S'il eût agi de bonne foi, il aurait pris
mes assertions une à une et les aurait discutées.
   Il prétend que, pour être compris du public gallo-romain, les
mots conjuratorum fugatis copiis auraient dû être écrits en toutes
lettres et non en une formule abrégée. En vérité, il semble que
M. Allmer ait vécu du temps des Romains pour prétendre con-
naître si bien leurs usages et leur capacité intellectuelle. Nous
connaissons encore si imparfaitement ces usages, tant en épi-
graphie qu'en toute autre matière, que bon nombre d'inscriptions,
tant de la Gaule que du territoire lyonnais, restent encore pro-
bablement inexpliquées. Comment M. Allmer pourra-t-il prouver
que les sigles C. F. V. C. ne pouvaient pas être compris par les
Gallo-Romains du Lyonnais ? Je ferai remarquer aussi que le mot
fugatis se retrouve dans Hérodien, lorsqu'il raconte la dernière
bataille où les troupes d'Albin furent mises en fuite par Sévère.
   Selon M. Allmer, la pierre d'Albigny était un autel, de sorte
qu'Albin aurait été déifié dans cette inscription ; la forme et la
dimension de cette plaque ne permettent pas de croire que ce
lût un autel ; les mots : Jovi oplimo maximo ne représentent,
selon moi, qu'une consécration à Jupiter de la victoire d'Albin.
Il ne résulte pas de cette consécration qu'Albin ait été déifié.
Mais, en admettant même que cette plaque fût un autel, comme
le veut M. Allmer, la déification d'Albin ne serait pas un fait
extraordinaire pour ceux qui connaissent l'histoire romaine.
   Cette plaque était probablement encastrée dans un piédestal
destiné à recevoir une statue de Jupiter ou d'Albin. M. Allmer
plaisante au sujet de cette plaque qui a, dit-il, la forme d'un
sépulcre. Cette plaisanterie me semble un peu déplacée lorsqu'il
s'agit d'une infortune aussi grande que celle d'Albin. On peut
encore admettre que cette plaque ne faisait qu'un corps avec
l'une des faces du piédestal, et qu'elle aura été détachée au moyen
d'un sciage, lorsque la population gallo-romaine , dévouée à
Albin, a dû faire disparaître ce monument.