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14 INSCRIPTIONS ROMAINES. On lit a la première ligne de l'inscription d'Albigny i. o. M (Jovi Optimo maximo), Ceci est très-clair; il s'agit d'un autel consacré à Jupiter très-bon et très-grand. On lit ensuite : CL. ALBINO (Clodio Albino). Ici notre étonnement commence; c'est qu'il y a la un fait bien extraordinaire et sur lequel les historiens ont gardé le silence, a savoir qu'Albin déifié a été adoré de son vivant conjointement avec Jupiter. Mais avant d'admettre une particularité si nouvelle de la vie d'Albin, peut-être ferons-nous prudemment de douter de l'authenticité de l'inscription, et du discernement de celui qui en la faisant, n'a pas pris garde qu'il confondait un autel avec un monument simplement honorifique. Autel à Jupiter, ou piédestal d'une statue d'Albin a cheval, la pierre d'Albigny devrait présenter la forme soit d'un cippe, soit d'un bloc assez considérable pour avoir fait partie d'un massif por- tant une statue équestre. N'est-il pas surprenant qu'au lieu de cela nous n'ayons sous les yeux qu'une tablette d'assez misérable apparence et de mesquine facture, avec ce fronton triangulaire le plus souvent employé pour les tombeaux. N'hésitons pas a le reconnaître, c'est que l'auteur de l'é- pigraphe n'a rien compris a ce qu'il faisait. 11 s'est proposé d'illustrer la mémoire d'Albin par une inscription honorifi- que, il n'a pas fait attention qu'il le déifiait; il avait 'a dres- ser un piédestal, par mégarde il élève un autel; et a cet autel il donne, sans le vouloir, la forme d'un sépulcre, fâ- cheux présage assurément, a la veille d'une bataille où Albin devait périr! De tout cela il n'a rien fait exprès; c'est a la seule complicité du hasard et de l'inadvertance qu'il faut imputer cette perfide malice d'avoir préparé a Albin, sous prétexte de piédestal, le tombeau dont il allait avoir besoin. Ce n'était guère l'usage, sur les monuments destinés à honorer les empereurs, d'écourter leurs noms et de suppri- mer leurs titres. Pourquoi alors avoir refusé à Albin ses