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                             MACAULAY.                             489

 les esprits. La philosophie, la poésie, l'histoire, pour ne parler
 que des lettres, avaient eu un de ces réveils éclatants, qui pou-
 vaient faire croire à la naissance d'une grande époque. Où en
 sommes-nous aujourd'hui? Cette impulsion s'est-elle arrêtée ou
 seulement ralentie, à mesure que nous nous éloignions du point
 de départ? Et puis, quand les événements se précipitent avec
 une rapidité sans exemple, ne s'est-il pas accompli de grands
 changements en peu d'années ?
    Les études historiques étaient incontestablement celles qui,
 dans ce réveil dont je parle, avaient obtenu le plus de faveur
 et jeté le plus d'éclat. Aujourd'hui encore, en dépit de bien des
 obstacles, ce sont celles qui ont le mieux résisté aux tempêtes.
 On a dit de l'histoire qu'elle était le signe distinctif de notre
 siècle, comme la philosophie fut le signe distinctif du siècle der-
 nier. En effet, au milieu du silence presque général des philoso-
phes et des poètes, non seulement en France, mais dans l'Europe
 entière, c'est un spectacle singulier, peut-être unique jusqu'ici,
que de voir l'histoire ouvrir une carrière commune et profondé-
ment variée aux esprits les plus brillants, les plus portés aux
hautes méditations, comme aux plus patients et aux plus labo-
rieux ; de voir se mêler et quelquefois se confondre les vues gé-
nérales qui ont donné naissance à la philosophie de l'histoire,
cette ambitieuse création de notre temps, et les recherches par-
 ticulières, attentives à la vérité du moindre détail j de voir lutter
sur un même terrain l'art et l'érudition ; de voir le public s'as-
socier à cette préférence pour un genre de travaux qui répond à
tous les besoins des esprits, comme à leurs aptitudes les plus
différentes, et partout les gouvernements, les villes, les acadé-
mies, les associations privées recueillir avec soin les documents
ignorés, rassembler des ruines éparses, ou veiller à la conserva-
tion de ces édifices encore debout, qui témoignent de ce que
l'Europe fut à tous les âges. Ainsi le mouvement imprimé aux
études historiques, il y a un demi-siècle, n'a fait que s'étendre.
Mais en s'etendant, a-t-il toujours suivi une direction régulière ?
La variété et la multiplicité des travaux n'ont-elles pas contribué
à jeter les esprits dans l'incertitude et une sorte d'anarchie? On