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ÉLOGE DE VICTOR VIBERT. 449 « ramener a sa noble simplicité la peinture monumentale. « Les anciens et les artistes du moyen-âge avaient parfaite- « ment compris ses rapports avec l'architecture, tandis que « les peintres de la renaissance les avaient bouleversés en « troublant l'harmonie de l'ensemble par la gamme de leurs « couleurs et en brisant les lignes par leurs fonds et leurs « perspectives exagérées. Ce qu'Orsel a voulu pour la pein- te ture, Vibert l'a cherché pour la gravure. Il a renoncé a « toutes les vanités du burin pour soumettre tous ses tra- ce vaux à la perfection du dessin et à l'esprit de la forme ; il « est resté simple et vrai dans la représentation des objets « qu'il éclaire d'une même lumière, et il a obtenu ainsi une « harmonie d'ensemble, une sagesse de style, une dignité « de ton qui convient admirablement a la noblesse de « l'histoire. « La gravure du tableau d'Orsel présentait de grandes « difficultés ; il fallait ramener à l'unité dix sujets de pro- « portions différentes et une ornementation d'encadrement « (rès-compliquée. Le rapport de cette large bordure avec « les deux principales scènes était un problème a résoudre. « Maintenant que la solution est trouvée, elle peut paraître « facile; mais nous croyons qu'elle a dû exiger beaucoup « de recherches dont les hommes du métier sauront appré- « eier le mérite. « Le plus bel éloge de Vibert est, selon nous, dans la « première impression qu'on reçoit de son œuvre. On oublie « complètement le graveur pour admirer le poème d'Orsel « et en parcourir les différentes scènes. Ce n'est qu'après < un examen spécial et approfondi qu'on découvre tout ce « que cette rare modestie d'artiste cache de science et de « talent. Le dessin est d'une pureté remarquable; nous « avons dit que le peintre avait pu le diriger et le perfec- « tionner lui-même. 11 est expressif et ferme sans dureté, la 29