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450 ÉLOGE DE VICTOR V1BERT. « loupe cherche inutilement la moindre erreur des traits « dans les plus petits objets. Les lumières sont largement « établies et les ombres douces et harmonieuses. Les figures « sont finement modelées ; les demi-teintes s'éteignent dans « le clair sans abus de pointillé. Les tailles ont la souplesse « du crayon et se prêtent a tous les besoins de la forme, « s'espaçant ou se rapprochant selon les lois de la perspec- « tive, mais toujours sans avoir la prétention de se faire « admirer. Leur direction ramène les détails à l'ensemble ; « celles des draperies, par exemple, indiquent plutôt le corps « qu'elles recouvrent que les plis eux-mêmes. L'étonnante « variété de travaux qu'on ne soupçonne pas a la première « vue exprime surtout l'esprit des objets. « Le graveur traduit toutes les intentions du peintre, et « ses moyens prennent pour ainsi dire une valeur symbo- « lique. Combien sont simples et pures les tailles de cette « figure innocente qui brille a l'ombre de l'ange protecteur, « tandis que le burin devient sombre et dur pour dessiner « la jeune fille qui foule aux pieds le livre de la sSagesse ; « sa robe surchargée d'ornements est terne comme une « beauté déjà flétrie aux joies coupables du monde. « Le sujet principal est celui qui est traité avec le plus « de verve et de largeur ; le fond et les terrains sont d'une « étonnante simplicité ; l'ange qui tient le bouclier est des- « sine avec éclat et noblesse, et le génie du mal, enveloppé « de nuages, est modelé avec une énergie digne de rendre « les figures de la chapelle Sixtine. La partie supérieure est « d'un ton plus calme et plus lumineux qui lui donne de « l'élévation et de la grandeur ; le Christ et ses deux mi- « nistres sont dans la splendeur de la gloire ; les huit « petits sujets d'encadrement sont gravés dans une teinte « qui leur donne la valeur de bas-reliefs. On aime a les « parcourir comme on aime a répéter les belles strophes