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300 MATTHIEU BO.NAFOUS.
Pour recueillir les produits de la soie :
Avant que le Zéphir rapporte sur son aile
Avec l'encens des fleurs les sons de Philomèle ,
Les vierges du hameau , pour charmer les vallons ,
Unissent le travail à l'air de leurs chansons ;
Et submergeant d'abord leur féconde richesse,
Dans les flots éeumeux qui bouillonnent sans cesse ,
De la chaudière ardente elles font voltiger
leurs fils aériens sur un cercle léger ,
Enlèvent tous les nœuds et la soie éclatante
Prend sous la roue agile une teinte inconstante.
Dirai-je avec quel art leurs doigts ingénieux
Transforment ces longs fils en tissus précieux ?
Le fil au fil uni sur un métier mobile,
Se croise sous le jeu d'une navette habile ;
Et tandis que leur pied , par mille et mille efforts ,
Du rouet babillard anime les ressorts ,
Elles font retentir le foyer domestique
De leurs récits d'amour et de leur chant rustique.
Enfin , pour peindre la fabrication des étoffes :
De ces riches tissus contemple la beauté,
La force , la souplesse et la légèreté.
L'un montre le duvet d'une brebis naissante ,
L'autre de ses longs poils la trame éblouissante ,
Une savante aiguille orne de cent couleurs
Les gazons , les forêts, et les fruits et les (leurs :
Et se jouant, retrace ou le chevreuil timide ,
Ou le cerf qui s'enfuit devant le trait rapide ;
Voiles plus transparents qu'un voile de vapeur !
Des prêtresses du temple ils couvrent la pudeur ;
Ou des dieux immortels entourant les images,
D'une vile poussière arrêtent les nuages.
Leurs replis ondoyant au souffle du Zéphir
Reflètent le rubis , l'opale et le saphir,