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MATTHIEU BONAFOCS. 305
Où de l'affront des ans rien n'indique la Irace ;
Qu'une double ouverture épande tour à tour ,
Et les parfums de l'air et les bienfaits du jour.
Après les différentes mues :
Sons le toit protecteur à l'abri des orages ,
Que des lils de roseaux , disposés en étages ,
Et fixés par un frein à d'agrestes piliers ,
Offrent aux vers fileurs de vastes ateliers.
A peine le soleil, dans son rapide essor,
S'est couronné trois fois d'un diadème d'or ,
Los germes , captivés sous un léger corsage ,
Echappent aux liens de leur doux esclavage ;
Et sur de blancs lissus , aux rayons matineux ,
Ils roulent de leur corps et déroulent les nœuds.
Puis à la formation des cocons :
Une autre ère apparaît : les actives peuplades
Suspendent leurs filets aux pliantes arcades ,
Et tissent avec art mille et mille roseaux,
Tant le feu de la gloire enflamme leurs travaux !
Ce labeur terminé, chaque insecte avec joie
Emprisonne son corps dans un globe de soie ,
Dont le triple tissu formé de mille tours ,
Du fruit de la colombe imite les contours.
Nuit et jour animés d'une ardeur infinie,
Le travail est leur loi, l'instinct est leur génie.
Lorsque les cocons sont terminés :
Ordonne alors, ordonne aux vassales dociles
De cueillir à l'envi ces richesses faciles ,
Et bientôt les paniers à leur bras enlacés ,
Fléchiront sous le faix des trésors amassés.
Ce labeur accompli, que le jeune cortège
Détache des cocons le fil qui les protège.
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