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92                   QUERELLE DES ANCIENS

les Géorgiques de Virgile, le poème le plus parfait que nous
ait légué l'antiquité et que la belle traduction de Delille a
vulgarisé dans notre langue ; et les Métamorphoses d'Ovide,
dans lesquelles ce génie, si heureusement doué a fait briller
toutes les qualités de son beau talent poétique, et pour les-
quelles Voltaire , d'ailleurs peu prodigue de louanges , pro-
fessait une admiration particulière.
   Que dirai-je de la poésie dramatique? La tragédie s'est élevée
à une grande hauteur, dès l'origine , dans Eschyle, et sur-
tout dans Sophocle et dans Euripide , qui ont inspiré Corneil-
le, Racine, Crébillon et Voltaire ; la comédie qui a produit,
chez les Grecs , Aristophane, et surtout Philémon et Ménan-
dre, et chez les Latins, Plaute et Térence, méritent encore
notre admiration, après les progrès que l'art moderne a
reçus de Molière et de ses successeurs.
   Les sept livres de l'Anthologie grecque sont remplis de
pièces de vers fort remarquables par le tour spirituel, le sel
attique ou les pensées fines et délicates qu'elles renferment,
et nous démontrent que les poètes de la Grèce ont excellé
dans tous les genres de l'épigramme ; Voltaire s'est plu à en
traduire lui-môme un grand nombre. — Dans l'épigramme
latine, Martial occupe sans contredit le premier rang ; et
malgré le mérite de Jean-Baptiste Rousseau, de Lebrun, etc.,
il est resté le coryphée du genre ; l'empereur OElius Verus
l'appelait son Virgile. Les douze livres de son recueil sont
comme une source féconde où les modernes n'ont cessé
d'aller s'inspirer depuis la renaissance, sans jamais l'é-
puiser.
   La satire serait d'invention romaine, si l'on s'en rapporte
à Quintilien : Satyra quidem Iota nostra est. Mais il ne faut
pas interpréter ces paroles dans un sens trop absolu, car les
Grecs leur avaient ouvert la voie ; Horace l'apprend lui-
même *