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ET DES MODERNES. 93 Archilocumproprio rabies armavit ïambo. [Art. poet.v, 79. A Nous possédons en effet des ïambes satiriques d'Archilo- gue; et Henri Estienne (Lyricorum carmina, 4e éd. in-8 , 1600) nous a conservé également des ïambes satiriques de Simonide contre les femmes, etc. Mais il est vrai de dire que les Romains se sont approprié le genre, en le perfectionnant. Il suffit de proclamer les noms de Lucilius , de Juvénal, de Perse, et surtout d'Horace, que nous retrouvons toujours au premier rang et que les modernes n'ont point détrôné. La prose va, comme la poésie, nous offrir de nombreux modèles. L'éloquence , chez les anciens , fut cultivée avec d'autant plus d'ardeur, que les mœurs et les formes du gouvernement lui attribuaient une influence extraordinaire (3). Entre Périclès et Démétrius de Phalère qui, aux deux périodes extrêmes de la brillante histoire d'Athènes, ont eu l'art de gouverner par la parole le peuple le plus ingouvernable du monde, on trouve un grand nombre d'orateurs des plus distingués : c'est Lysias qui est devenu le type du genre tempéré; c'est Isocrate qui a été digne d'être le maître de presque tous les orateurs de cette époque, Isée, Lycurgue, Hypéride, etc. ; c'est Eschine qui a figuré avec éclat dans une lutte mémo- rable ; c'est enfin Démosthène, que son incomparable talent a fait proclamer le prince des orateurs ; ses Olynthiennes, ses Philippiques, et par dessus tout son admirable discours de la couronne resteront éternellement comme des chefs - d'oeuvre de l'art oratoire. Le nom de Cicéron est le seul que les Romains puissent opposer aux Grecs ; mais ses Calilinaires, ses Verrines et ses (3) On pcutappliquerà Téloquence antique ces paroles de Salomon :Aqua profunda , verba ex ore viri , et torrens redundans. (Prov. xvin.) L'élo- quence est un fleuve profond dans la bouche de l'homme , c'est un torrent impétueuse.