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504 LES JUIFS DANS LE MONDE. le constater en France, où les Juifs jouissant de tous les droits de citoyens, seulement depuis deux générations, se sont tellement transformés , que déjà on ne les dislingue plus au milieu de leurs nouveaux compatriotes. Au dessus de la noblesse de race, il y a donc deux autres sortes de noblesse : la noblesse du coeur et la noblesse de Pinlelligence qui, désormais, sont appelées à régenter le monde. « En réhabilitant cette race orientale si active, si intelligente, vous favoriserez l'éclosion de talents, de génies peut-être, qui illus- treront la nalionalité allemande, comme l'ont fait Schiller, Gœthe, Mcyerbeer, etc., etc. (1). » (1) C'est le cas i c i , de rappeler à l'adresse des Gouvernements allemands quelques nobles paroles que prononça en faveur des Israélites, au Parlement de 1833, lord Macaulay,— ce défenseur-né de tous les opprimés et qui, tour à tour, lutta pour l'abolition de l'esclavage des noirs, et l'émancipation des Irlandais et des Juifs : « . . . . . . On nous dit encore que les Juifs sont une race inférieure, une race sordide et une race cupide ; qu'ils sont hostiles à toute ho- norable tentative; qu'ils ne savent ni semer, ni moissonner ; qu'ils n'ont plus ni bétail, ni troupeaux ; que l'usure et ses pratiques cons- tituent la seule habitude d'Israël, et qu'en son âme il n'y a place pour aucun sentiment élevé. Ce fut, en vérité dans chaque âge, le raisonnement des bigots. Ils ne manquent jamais d'invoquer en fa- veur de la persécution les vices qu'engendre cette persécution même. l'Angleterre n'a été pour les Juifs, qu'une marâtre , et nous leur reprochons de n'être que de froids patriotes pour cette Angleterre. Nous les traitons comme des esclaves, et nous nous étonnons qu'ils ne nous regardent pas comme des frères. Nous les rejetons dans des occupations basses, et nous nous étonnons de ce qu'ils n'embrassent pas des professions honorables. Il leur e*t défendu de posséder la terre et on leur reproche de s'appliquer au commerce. Les voies lé- gitimes de l'ambition leur sont fermées et l'on se plaint de 1rs voir chercher un refuge dans l'avarice. Pendant des siècles, nous avons constamment, vis-à -vis d'eux, abusé de la supériorité de nos forces, et nous sommes dégoûtés de les voir s'abriter derrière la ruse, la ruse défense naturelle et universelle du fnible conlre la violence du puissant ! mais, en vérité, Israël a-t-il toujours clé une nation de changeurs, de trafiquants et de capitalistes ?... « 11 sait (l'honorable membre auquel répond l'orateur), il sait, qu'à l'enfance de la civilisation, quand*ios îles étaient aussi sauvages q\ie la Nouvelle-Guinée, quand les lettres et les arts étaient, inconnus dans Athènes, quand une cabane de chaume marquait à peine la place où s'éleva Rome, ce peuple méprisé avait ses villes de guerre, ses palais de cèdre, son temple splcndide, et ses flottes marchan- des, et ses écoles de sainte écriture, ses hommes d'Etat, ses soldats, ses philosophes, ses historiens et ses poètes. Quel peuple jamais a plus lutté contre des masses envahissantes, pour son indépendance et sa religioa? Quelle nation, dans les transes d'une dernière agonie, a donné preuve plus signalée de ce que peut accomplir un noble dé-