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                      BIOGRAPHIE DE LA MURE.                       453

 qui anime aujourd'hui les Forésiens. Des livres entiers sont sortis
 des Å“uvres de La Mure, et, chaque jour encore, ils alimentent
 la curiosité des érudits, en attendant que, le champ de l'histoire
 mieux exploré, ils abordent les nombreux documents inédits qui
 réclament encore une main plus habile pour les mettre en œuvre.
 Les annales des provinces qui n'ont pas de vieux historiens tels
 que La Mure, sont encore enfouies dans les ténèbres. En vain
 quelques modernes ont tenté de les exhumer, ils n'ont pu pro-
 duire que des récits superficiels, semés d'erreurs sans nombre,
 qui n'apprennent rien et font sourire les érudits. Ils sont rares,
 de nos jours, ces solides esprits, ces hommes d'une forte nature,
 qui pour faire renaître les obscures annales d'une province ,
 étaient prêts à user leur intelligence et leur vie. Combien peu
 maintenant se dévouent à ce travail sans profit et sans gloire.
    Avant d'arriver à la grande critique historique, à la philosophie
 de l'histoire, il fallait et il faudrait encore poser les premières
 bases de la science, et ces bases essentielles sont la chronologie et
les généalogies affranchies de toutes leurs erreurs, par une étude
 attentive et rigoureuse des monuments originaux. Cette ten-
 dance à construire l'histoire des provinces en s'étayant presque
 exclusivement sur la chronologie et les généalogies, fut à peu
près générale dans toute la France, au siècle de Louis XIV. Elle
fut une nouvelle manifestation de cette loi essentielle de l'esprit
humain qui le fait invariablement procéder du simple au composé.
    Le véritable point de départ de la science historique moderne
ne remonte guère qu'à la Renaissance ; elle ne commence à se
dégager qu'au début du XVIIe siècle. Il serait donc injuste de
demander à La Mure, de même qu'à ses contemporains, une
critique plus large que ne le comportait leur époque.
    Depuis Du Chesne jusqu'à Baluze, depuis Guichenon jusqu'à
La Mure, tous les historiens, à de rares exceptions près, ont suivi
la même méthode pour écrire l'histoire provinciale.
    Il était réservé aux Bénédictins de recueillir, au XVIIIe siècle,
le bénéfice de ces travaux. Un de leurs monuments le plus
consulté, l'Art de vérifier les dates, n'est-il pas en partie construit
avec les matériaux fournis par les histoires provinciales?