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                ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE.                  378

    Le ministère de M. de Chantelauze avait duré sept se-
 maines, la captivité dura sept ans. Enfin, vinrent des jours
 plus calmes. Les passions qui avaient poursuivi les anciens
 ministres s'apaisèrent peu a peu et la royauté nouvelle qui,
 au jour du péril, s'était montrée prête à tout faire pour
 protéger leur vie, fut heureuse de briser leurs fers.
   M. de Chantelauze revint dans sa patrie lyonnaise. D'ar-
 dentes sympathies se fussent encore groupées autour de
lui, mais il n'avait rien à demander à la politique. 11 ne
l'avait jamais recherchée, et après l'avoir subie, il n'aspirait
 qu'a la dignité et au repos. Il les demanda au barreau. Le
barreau n'est pas seulement par lui-même une brillante
arène, il est le prélude des grandes carrières, la pépinière
des hautes renommées, l'asile des nobles retraites ; c'est le
point de départ et le port du retour. On en sort armé pour
le combat ; on y revient couronné par la victoire ou battu
parla disgrâce, toujours guidé par l'honneur et accueilli par
l'amitié. Cette fraternelle hospitalité ne déroge a aucune
grandeur; la barre est placée trop haut; on ne descend
jamais quand on s'y rassied. On peut quitter la simarrepour
la toge ; on change de costume, et non pas de mission. On
appartient toujours au sacerdoce des lois, et pour un noble
cœur, comme pour une parole indépendante, il n'y a pas de
petite place au service de la justice.
   M. de Chantelauze, avec la modeste fierté de ses moeurs
judiciaires, était plus que personne appelé à le sentir ; mais
sa santé usée par les épreuves avant l'âge , l'écartait des
glorieuses et pénibles luttes de la vie militante.
   11 se ferma lui-même l'audience et ouvrit son cabinet. II
y exerça une véritable magistrature volontaire et s'y vit re-
chercher par la plus haute confiance et entouré par le respect
 de cette confraternité qui sait si bien allier les droits de l'é-
 galité et les délicatesses de la déférence.




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