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362             ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE.

chie et du despotisme, qui ne donne pas l'avantage a ce der-
nier. On y lit sur les droits des citoyens, sur la division des
pouvoirs, la liberté individuelle, l'inviolabilité de la magis-
trature , le respect du jury, la responsabilité des ministres
et l'initiative des chambres, presque toutes les idées qui
ont pris place dans la Charte de 1814, et plusieurs même
qui n'ont été réalisées que dans celle de 1830.
   Cet écrit occupa les hommes d'État du temps et fut lu
par Louis XVIII. Il obtint même une attention sérieuse de
ce monarque éclairé et prudent, le seul de tous les souve-
rains de la France qui, depuis un siècle, ait su mourir cou-
ronné, le seul qui se soit endormi aux Tuileries dans la couche
funèbre des rois.
   Une si haute faveur n'enflamma pas l'ambition de M. de
Chantelauze. Rien ne l'entraînait a la politique ; ses goûts
l'appelaient a la magistrature. C'est sous la toge qu'il aspi-
rait à servir la société. Ses vœux furent entendus ; il fut
nommé avocat-général h Lyon. C'est alors que je l'ai connu,
c'est là que mes jeunes débuts rencontrèrent son bienveillant
patronage.
   Je n'oublierai jamais l'impression que me produisit sa pa-
role. Je crus voir le type idéal de cette grande institution
du ministère public qui manqua au monde antique, et dont
notre monarchie française peut se glorifier d'avoir doté la
société moderne.
   Cette création a enfanté dans nos temps un caractère par-
ticulier d'éloquence que les anciens n'ont pas connu.
   C'est le mouvement du barreau sans ses passions, la di-
gnité de la magistrature sans sa froide et nécessaire im-
passibilité. C'est enfin cette haute parole qui fait la force
de la société et l'ornement de la justice.
   Cette éloquence n'est pas le mélange, encore moins la
confusion des autres. Ce n'est pas le magistrat qui plaide