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                ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE.                 361

autre, le nom de M. de Chantelauze oblige l'Académie. Elle
voulut au jour du péril intervenir tout entière pour défendre
sa vie. Il lui appartenait de déplorer sa mort et d'honorer
sa mémoire.
   Pour cette pieuse tâche, elle n'a cherché ni le plus digne
ni le plus dévoué : une légitime et généreuse émulation eût
embarrassé son choix; elle n'a pas choisi, ce sont les souvenirs
qui ont désigné. C'est le privilège du passé qui m'a valu la
mission du présent.
   Je m'efforcerai de la remplir avec une simplicité digne
d'un noble caractère, avec une impartialité digne d'une
grande vis.
   La vie de M. de Chantelauze 's'est partagée entre la poli-
tique et la magistrature. L'une lui donna l'orageux éclat de
quelques jours d'histoire; l'autre le constant honneur de
toute une carrière.
   Il était né dans le département de la Loire. L'éclat de
ses débuts au barreau de sa ville natale le fit appeler, a
vingt-deux ans, dans les rangs de la magistrature. Substitut au
tribunal deMontbrison, en 1811, il ne tarda pas à voir arriver
la Restauration. Il n'avait pas appelé l'invasion étrangère ;
mais il salua avec confiance le retour de la paix et de la
liberté. Les Cent-Jours froissaient toutes ses sympathies :
il n'hésita pas à refuser le serment.
   Mais les fidélités les plus inébranlables sont les plus mo-
dérées, et loin de pousser la monarchie dans des voies de
réaction ou d'arbitraire, le jeune magistrat avait publié, dès
1814, un écrit fortement empreint d'un esprit sagement libéral
et d'un dévoûment éclairé à la monarchie constitutionnelle.
   Cet écrit publié avant la charte de 1814, quand la liberté
s'essayait enfin, au milieu des incertitudes et du travail des
esprits, n'hésita pas à devancer tous les principes parle-
mentaires. On y trouve une comparaison des maux de l'anar-