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336 BIBLIOGRAPHIE. cents ans ; on ne savait ni ce qu'elle était, ni où elle était ; on ignorait si elle était un relief, une statue ou toute autre figure. M. A. Fabre a démontré, dans une dissertation approfondie, que cette image miraculeuse était une peinture murale, repré- sentant l'adoration des Mages, d'où lui est vena le nom de Béai, qu'elle n'était pas dans l'intérieur, mais à l'extérieur de l'église, encadrée dans un tympan de la porte. Ce qui l'a con- firmé dans son opinion, c'est le rapport qui existe entre cette fresque détruite par les religionnaires, en 1585, et un autre tableau peint à l'huile dans le tympan du second portail de l'église, figurant le sujet de l'Annonciation avec la légende, Ave plena gratta. Il a rencontré autour de ce dernier la même architecture, les mêmes caractères, les mêmes ornements qui décorent la voussure du portail latéral dans lequel était peint le Real, remplacé aujourd'hui par une toile d'une très mauvaise exécution, datée de 1706. La découverte de cette similitude d'accessoires a été comme un trait de lumière pour le patient investigateur. Avec un discernement que nous ne saurions trop louer, il a conclu, par l'évidence et la comparaison, de cette ressemblance, que les deux tableaux s'expliquaient l'un par l'autre. Cette analogie de peinture et d'architecture accuse en effet une communauté d'origine qu'on ne peut méconnaître : ici l'Annonciation ; là l'Adoration des Mages, ici un tableau qui. a échappé aux injures du temps et aux violence des hommes ; là une peinture célèbre qui attirait un concours immense de fidèles et que la fureur de ses ennemis ne devait pas épargner. L'analogie devient encore plus frappante, si on ne perd pas de vue que la cathédrale d'Embrun était dédiée à la Vierge, qu'elle fut d'abord consacrée sous le titre de la Nativité de la Vierge, et que pendant un temps on l'appela l'église de la Vierge-des- trois-Rois, parce que cette vierge y était peinte dans le vestibule, comme nous l'avons dit. S'appuyant sur l'autorité des textes et sur la tradition, M. A. Fabre, après avoir rappelé que l'empereur Théodore aida saint Marcellinà bâtir l'église d'Embrun, établit que Charlemagne, cinq siècles après, la fit reconstruire en lui donnant une partie de