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332 ANNIBAL ET LE RHÔNE. de difficulté cette rivière en ce moment torrentueuse, puis s'engage dans la vallée de Graisivauda'i, sur la rive gauche de l'Isère, et arrive â Montmeillan, où nous nous trouverons en parfait accord avec lui pour le chemin qui nous reste encore à faire. Revenons maintenant à Polybe que nous avons laissé tra- çant la route qu'Annibal a dû suivre, en remontant la rive droite du Rhône jusqu'à quatre et cinq journées de marche au-dessus des bouches de ce fleuve. Les bouches d'une ri- vière, pour un marin, sont les points où ses eaux se mêlent à celles de la mer : pour un piéton, c'est le point de bifur- cation ; pour une armée, c'est l'espace, à pjoximilé de celte bifurcation, où elle peut être contenue ou campée. C'est donc dans la plaine entre Bellegarde et le Rhône que nous supposerons raisonnablement qu'Annibal s'est reposé après avoir franchi (en faisant un contour beaucoup plus grand qu'on ne le fait aujourd'hui), l'espace, alors couvert par les eaux de la mer, que parcourt maintenant la roule de Perpi- gnan à Narbonne. Or, de ce point à l'Ardèche, il y a 14 lieues communes do France. De l'Ardèche à la Drôme, il y en a 12 1/2 id. Et de la Drôme à la Côte St-André 18 id. Ce qui fait une dist. à vol d'oiseau de 44 1/2 id. La marche des Carthaginois a dû se faire comme une course au clocher; ils n'avaient ni charriols ni voitures : les chevaux, les mulets et les éléphants portaient les vivres et les équipages. Nous ajouterons cependant à ce chiffre 1/10, pour les déviations et les accidents de terrain , ce qui ferait environ 50 h'eues, soit 246 kilom. ; c'est donc 30 kilom. par jour qu'Annibal aurait fait faire à sa troupe, soit 6 lieues communes de France de 5 kilom., pendant les huit jours de marche depuis les bouches du Rhône. La moitié de celte distance serait un peu au-dessus de