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ANNIBAL ET LE RHÔNE. 331 téger, non contre les Voconces, dont il longe le territoire, mais contre les Allobroges, peuple qui ne le cède en puissance et en renommée à aucune autre nation de la Gaule. Annibal, qui se dirigeait vers les Alpes, n'en prit pas en- core le chemin ; il se détourna sur sa gauche vers le pays des Tn'caslins , ad levam Tricastinos flexit. Comment pourront- ils expliquer celle phrase de Tite-Live ? les Tricastins, ha- bitants du territoire de Sainl-Paul-liois-Châteaux, étaient à la droite de l'armée carthaginoise, et Annibal ne se serait pas détourné pour leur faire une visite, attendu qu'il aurait pu y rencontrer les Romains, qu'il ne voulait combattre qu'en Italie. C'est ce qui a fait dire aux partisans du mont Genèvre qu'il avait tourné les montagnes du Royanez, et qu'il avait passé la Durance (Druentia) au-dessus d'Embrun ; mais M. Larausa et ses partisans ne se tinrent pas pour battus : les uns prétendirent que Tite-Live écrivant à Rome et faisant face à la Gaule, avait voulu parler de sa gauche et non de celle des Carthaginois ; mais le plus grand nombre, sans permettre qu'ils se déviassent de leur marche, les font venir se heurter contre les rochers du Royanez , qui à celte épo- que leur fermaient le passage au pas d'Echaillon, et ne leur laissaient d'autre ressource que de les percer ou passer dans la rivière avec tous leurs équipages. Ce passage impossible, M. Larausa le leur fait franchir, quand même , malgré les justes observations de M. Dutronne. Arrivé sur la rive gau- che du Drac, et voulant se diriger sur le mont Cenis, il ré- fléchit que Tite-Live fait appuyer les Carthaginois à gauche, vers les Tricastins ou Tricoriens , pour se rapprocher du Rhône, et que Banville en a trouvé quelques bourgades sur la rive droite du Drac; que le mot Drac peut bien être la traduction du mot Druenlia (de Tite-Live), qui joue un grand rôle dans son récit, quoique Polybe n'en parle pas ; il s'em- pare de celte heureuse découverte; il traverse avec beaucoup