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ANNIBAL ET LE RHÔNE. 329 Bhône, et que ni la Saône ni la rivière d'Ain ne dépendent des Alpes et ne peuvent remplacer le fleuve Scoras, que les commentateurs cherchent depuis si longtemps. C'est donc à ceux qui se sont le plus rapprochés de la vérité, en ne s'è- cartant que faiblement du texte de Polybe et même de Tite- Live, que nous allons avoir à faire. Si les commentateurs de celte catégorie ont tout à fait abandonné le texte de Polybe pour ne suivre que les erre- ments de Tite-Live, c'est que ce dernier ne trouvant plus la description topographique des lieux conforme à la peinture de l'historien grec, leur a facilité le travail en désignant le fleuve ou rivière Scoras, qui formait l'île qu'habitaient Brancus et son frère, sous le nom d'Àrar, d'Isara, et même de Bisarar, et traduit par eux Saône et Isère ; il leur a paru très-commode de s'appuyer sur une pareille autorité , pour ne plus courir à la recherche d'une rivière introuvable , et dont la première des deux que nous venons de nommer est si facile à écarter de la discussion. Celte incertitude de l'historien romain, ordinairement si clair et si précis, existe dans, tout le cours de sa relation de cet épisode ; il finit par convenir qu'il ne reconnaît pas la marche du héros carthaginois dans nos contrées, et dit avec beaucoup d'ingénuité : Miror ambigi quœnam Alpes tran- sieril. Nous allons, au surplus, suivre Polybe et Tite-Live dans l'itinéraire qu'ils en ont tracé de l'Espagne aux Alpes, et le lecteur pourra juger du plus ou moins de confiance que nous devons accorder à leurs commentateurs , en le préve- nant que nous nous trouverons sur un terrain où, depuis la fin du xviii" siècle, c'est-à -dire depuis Schweigheeuser, Tite- Live a tous les honneurs de la position. Suivant Polybe, Ànnibal arrivé en un lieu nommé Empo- rium, dans le pays des Indigètes, en Espagne, à 1,600 stades de l'Ebre, fait encore 1,600 stades pour arriver aux bords du