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 244            NOTICE sun   M. SERVAIS DE SUGSY.
   savantes auxquelles il avait l'honneur d'appartenir furent
  jusqu'à la fin ses plus chères et ses plus vives préoccupa-
  tions. Nous lui finies une visite a Cessy, l'automne dernier ;
  déjà il était profondément atteint par le mal auquel il devait
  succomber. Cependant, au milieu de ses douleurs, il pensait
  à l'Académie de Lyon ; il craignait qu'on ne prît pour de
  l'indifférence une absence aussi prolongée, et il nous pria
  instamment de présenter à la Compagnie ses excuses et ses
  regrets.
      îl aimait les lettres et la poésie comme on ne les aime
  guère aujourd'hui, où tant d'autres préoccupations l'empor-
  tent, même chez les plus heureusement doués. Il avait, pour
 écrire en vers, une merveilleuse facilité ;' souvent dans ses
 pièces familières il s'inspire heureusement de Boileau, plus
 souvent encore, dans le genre descriptif, il rivalise avec
 Delille. Mais je n'ai pas la prétention d'apprécier et d'ana-
 lyser ses œuvres dans cette courte notice ; nous espérons
 qu'un hommage plus solennel et plus complet lui sera rendu.
Aux qualités de l'esprit, M. Servan de Sugny joignait toutes
 celles du cœur. Il est mort aimé de tous ; il était d'une
bonté rare, d'une âme excellente où il n'y avait pas de place
pour la haine et la malveillance. Aidé de sa vertueuse com-
pagne , maintenant veuve désolée, il faisait largement le
bien autour de lui. Aussi, deux mille personnes accourues
de toute la contrée, depuis Gex jusqu'aux bords du lac, se
pressaient à ses funérailles pour dire un dernier adieu au
poète dont tout le pays était fier et à l'homme de bien,
dont la mémoire demeurera plus longtemps encore dans
les cœurs.
                                           F. BOCIUIER.